Propos recueillis par Ombeline Degermann

Chez Plaq, tout est une question d’intensité. Celle du goût — pur, brut, direct, comme une émotion. Mais aussi celle de l’engagement : envers les producteurs, la qualité, l’origine du cacao… et l’amour. Car derrière cette chocolaterie parisienne singulière, nichée rue du Nil, se cache un couple : Sandra et Nicolas, unis dans la vie comme au travail.

Ils ont co-fondé Plaq avec l’envie de revenir à l’essentiel : faire du chocolat, de la fève à la tablette, en petite quantité, à partir de fèves d’exception. Un projet de cœur devenu aussi un projet de couple. Travailler ensemble, créer ensemble, avancer main dans la main — tout un art.

Nous leur avons posé quelques questions pour comprendre comment l’amour infuse leur quotidien… et leur chocolat.

Vous avez fait un pari audacieux : quitter vos métiers, vous reconvertir, passer deux ans à mûrir une vision commune, voyager jusqu’au Venezuela ou au Pérou pour découvrir les plantations, vous former… Qu’est-ce qui vous a décidé à vivre cette aventure en couple ?

Nicolas : Il faut savoir que tout a commencé entre nous grâce au chocolat ! À l’époque, Sandra était ma cliente : je réalisais des films pour Dior Parfums. Un jour, sur un tournage un peu stressant, je suis parti chercher du chocolat pour faire une pause. Et là, au moment de le partager et de le déguster avec elle, la magie a opéré. Nous avons parlé d’autre chose que du boulot et c’est ce jour-là que notre histoire est née. Nous avons découvert que nous achetions respectivement nos tablettes par six, que nous avions chacun un tiroir rempli de chocolat au bureau. Une vraie passion commune !

Sandra : Le chocolat, c’est notre socle, notre point de départ. C’était donc assez naturel pour nous d’avoir envie de le placer au cœur de notre vie. La naissance du projet, ça a presque été comme une lune de miel. Imaginer, rêver, construire notre vision ensemble, c’était merveilleux. Et il était évident de construire ce projet tous les deux d’autant que je suis convaincue que c’est dur d’entreprendre seul. Être deux, c’est précieux : nous partageons les hauts comme les bas, nous nous soutenons, nous échangeons et avançons ensemble.

Quelle est votre plus grande fierté professionnelle de couple aujourd’hui ?

Sandra et Nicolas : Il y a la fierté d’être parvenus à nous faire une place dans l’univers très fermé du chocolat, sans être Meilleurs Ouvriers de France et avoir la reconnaissance de professionnels que nous admirons beaucoup comme le Chef James Henry du Doyenné.

Et puis la fierté de donner du plaisir, du bonheur aux gens. C’est nouveau pour nous depuis que nous faisons ce métier. Quand un client nous dit “Depuis que j’ai goûté votre chocolat, je ne peux plus en manger un autre”, c’est magique pour nous. D'ailleurs, passer une demi-journée en boutique est un véritable booster de bien-être. Toutes nos décisions sont prises dans le sens du goût que nous voulons obtenir et voir les gens parler de nos chocolats avec des étoiles dans les yeux c’est un grand bonheur. Pendant le confinement, nous avons aussi reçu énormément de remerciements pour être restés ouverts.

Et puis, il y a aussi notre fierté du projet humain : on a créé des emplois, une équipe!

Qu’est-ce que le fait de travailler ensemble a changé dans votre relation de couple ?

Sandra : Travailler ensemble exacerbe tout! Le tumulte comme les belles choses. J’ai découvert à quel point Nicolas est généreux, toujours disponible pour les autres, positif aussi ce qui est précieux dans l’entrepreneuriat. Nous avons la même vision, des bases solides et c’est le plus important surtout quand il y a des embûches sur le chemin.

Nicolas : Nous sommes vraiment complémentaires. Sandra a une rigueur qui permet à la qualité d’être au rendez-vous au quotidien car faire du chocolat est très exigeant. Elle est méthodique et très organisée, ce qui est moins naturel pour moi. Je suis plus intuitif, plus cool. C’est vrai au travail comme à la maison.

On dit souvent que mélanger vie pro et vie perso est un défi. Posez-vous des frontières entre l’univers de Plaq et votre vie à deux ?

Sandra et Nicolas: Ce n’est pas simple mais au fur et à mesure nous avons posé quelques règles pour délimiter physiquement et temporellement ces frontières : pas de discussion boulot après 21h, pas de réunions à la maison. Nous avons aussi des bureaux séparés. Et pour les grandes décisions stratégiques, nous tâchons de les faire à l’extérieur de Plaq, cela évite d’avoir des discussions trop animées! Notre fille nous aide à nous tenir à ces règles parfois difficiles à respecter à 100%!

Vous souvenez-vous d’un moment clé où vous vous êtes dit : "On forme vraiment une bonne équipe" ?

Nicolas: Quand nous avons levé des fonds. Convaincre ensemble, transmettre notre passion, notre vision, notre foi dans le projet. Et ce, malgré le fait qu’être un couple n’est pas forcément un atout aux yeux des investisseurs. Nous avons relevé ce défi ensemble.

Y a-t-il un secret ou une règle d’or qui vous aide à traverser les périodes plus intenses ou les désaccords ?

Nicolas: C’est sûrement la chose la plus difficile à gérer quand on travaille en couple. Mais nous avons appris à nous créer des espaces de respiration. Et surtout, à comprendre que ce n’est pas grave de ne pas être ensemble en permanence.

Sandra: Nous sommes tous les deux assez solitaires, et ces moments d’éloignement sont essentiels : ils nous ressourcent individuellement et renforcent notre lien quand nous nous retrouvons.

Quel est votre rituel de couple préféré pour vous reconnecter en dehors de Plaq ?

Sandra: Les repas partagés sont nos moments clés. Nous prenons le petit-déjeuner ensemble tous les matins, nous dînons ensemble et le déjeuner du dimanche est sacré. C’est dans ces instants simples que nous nous retrouvons pleinement.

Nicolas: Et puis l’été, c’est notre échappée pendant un mois dans les îles grecques. C’est notre grande respiration annuelle. Le reste de l’année, nous ne prenons pas de vraies vacances — donc ce temps suspendu est précieux.

Sandra: Le goût fait partie de notre vie professionnelle, bien sûr, mais aussi de notre plaisir intime. Nous adorons aller au restaurant, tester des fromagers, des coffee shops et partager ces moments. Nos destinations sont le plus souvent liées à la nourriture, à la gastronomie. Ce que nous goûtons nous inspire. Plaq nourrit notre plaisir, et notre plaisir nourrit Plaq.